L'Argent du monde -2: « Françoise Sagan, la fureur de vivre »

Merci, ma soeur, Lolo




Il y a peu de ses oeuvres que je n'ai pas lues au fil du temps.  Bien que je n'aie pas encore vu le film cinématographique qu'on a fait sur sa vie, en 2008,  ce (trop) long témoignage (2011), « Françoise Sagan, la fureur de vivre » m'a franchement bouleversée.   Et surtout aussi appris des choses que j'ignorais dont celles de sa liaison avec Peggy Roche, son amitié avec François Mitterrand et, bien sûr, (car n'étant guère moi-même très people), l'existence de son fils. 

De Sagan elle-même, on a dit beaucoup qu'elle aimait l'argent, mais d'abord et avant tout surtout pour ce qu'elle pouvait en faire,  soit le jouer (le gagner ou le perdre), le brûler (jusqu'à ruiner sa santé), le donner (tous ses amis en ont été témoins) et/ou le dépenser toujours pour son plus grand plaisir.  

Ses vêtements quasi  des fétiches
Reconnue pour son élégance, bourgeoise ou insouciante, parmi les vêtements qu'elle aimait porter dans ces années-là, j'ai remarqué, entre autres, le jeans, le chemisier,  et bien sûr, le petit mocassin bleu que je meure d'envie de porter moi-même encore aujourd'hui. C'est peu dire.  Bref, si jamais tu en vois une paire pareille quelque part, fais-moi signe.   

La robe mauve de Valentine 
que maman m'avait tricotée ... au crochet 
(robe, béret et foulard).
Si tu savais comme j'ai aimé porter cet ensemble-là!
Et  plus tard, porté ici par notre nièce qui a pris le relais.


Quelques-unes de ses plus belles phrases: 

J'ai trop le désir qu'on respecte ma liberté pour ne pas respecter celle des autres.

Aimer quelqu'un c'est aussi aimer le bonheur de quelqu'un

La plus sage ... Pour moi, le bonheur, c'est d'abord d'être bien.

Et sa meilleure ...  La culture, c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale.


***

 Une génération a été libérée grâce à elle 



L'allure décontractée qui a fait fureur ... 
et marqué ma génération
Heureusement, il y a une personne qui illumine ces quatre-vingt-dix minutes assez chaotiques sur Françoise Sagan : son fils, Denis Westhoff. On savait qu’à la mort de sa mère, le 24 septembre 2004, il avait courageusement décidé d’accepter la succession, donc les dettes. Mais là, on le découvre vraiment. Il ressemble à sa mère, il a presque sa voix, il a son élégance, sa générosité, sa retenue aussi. Il parle d’elle avec tendresse, ne juge pas, ne se plaint de rien.  
Par ailleurs, on a convoqué beaucoup de témoins passionnants, amis, biographes, médecin, journalistes, personnes qui ont travaillé pour Françoise Sagan. Presque trop. Et surtout le montage, qui donne à chacun, sur chaque sujet, une ou deux phrases, n’est pas très convaincant.
Juliette Gréco a un peu plus de chance que d’autres, qui parvient à parler plusieurs fois sans être interrompue : « On ne pouvait pas ne pas l’aimer. On a vécu ensemble très longtemps, à travers les années on ne s’est jamais perdues. Etre ensemble était quelque chose de magique. » Tout en constatant tristement : « La fin de sa vie a été le contraire de ce qu’elle était. »  
ELLE AIME LE JEU, L’INSOUCIANCE, LA LIBERTÉ
Après trop d’insistance sur les dernières années de Sagan, malade et dans le dénuement, on revient sur la petite Françoise Quoirez, enfant fantasque et gâtée. Et on arrive, très vite, puisqu’elle a publié Bonjour tristesse à 18 ans, à la gloire soudaine. Comme le dit Michel Déon, « une génération a été libérée grâce à elle ».
Même si on est un peu agacé par ce film, on ne songe pas à cesser de le regarder car la séduction de Sagan est là quand même, dans chaque document d’archives. Elle aime le jeu, l’insouciance, la liberté, les belles voitures… Et la vitesse, qui, le 14 avril 1957, aurait dû lui coûter la vie. Mais elle avait 22 ans, elle était robuste, et a trompé la mort – comme elle le fera à plusieurs reprises par la suite. Mais cela lui laissera une addiction à la morphine, qui, suivie d’autres, fera un jour basculer sa vie. 
Tout cela – mariages, maladies, amours, amitié avec François Mitterrand, etc. – est bien expliqué dans ce film de Dominique Fargues. Mais, comme souvent quand il s’agit d’écrivains, demeure un reproche majeur. On dit que Françoise Sagan a écrit quelque quarante livres. Son amie Bettina répète, « la seule chose qu’elle aimait, c’était écrire ». Ceux qui connaissent bien le livre magnifique Avec mon meilleur souvenir entendront au passage Sagan en lire quelques phrases. Mais cet exercice d’admiration méritait qu’on s’y arrête, comme à certains romans, comme cette sévère, trop sévère autocritique qu’est Derrière l’épaule.  
Françoise Sagan ne croyait pas assez à son œuvre, elle insistait sur le fait qu’elle aurait « voulu écrire comme Proust » : « Et il y a peu de chances que j’y arrive. »Mais ce qu’elle laisse est loin d’être négligeable. On aurait aimé qu’« Un jour, un destin » le dise.
Journaliste au Monde
***
http://youtu.be/qbgcO6kotqg?t

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