Le bel hiver en enfer

Dans un parc riverain près de chez moi


Il n'y a pas qu'à Paris qu'il y a eu des Charlie(s). La cheffe du bureau de l'agence de presse Reuters aussi a été retrouvée morte à Islamabad, Pakistan.
Maria Golovnina, russe de naissance
 Quoi qu'on en pense,  chère Maria,  on n'est plus  dans - «ah que la neige a neigé» - mais, disons plutôt,  dans - ah que le froid m'a gelée - et voilà une dépêche de dernière heure - ah que le vent a poudré - ...

Embêtant de te raconter tout ça alors que tu ne tiens plus debout.  Mais comment te taire plus longtemps la sainte folie des inhumains qui se plient à toutes les soumissions?  

On n'en peut plus  de dormir sur nos deux oreilles afin de ne pas entendre ni les gémissements, ni les supplications des milliers de gens, des Lybiens et des Lybiennes dit-on, qui s'embarqueront pendant des jours vers un destin (meilleur ...?) certes encore et toujours planifié par l'Esprit du Mal et mal entretenu par des  obscurantistes malodorants.  


«C’est la dernière menace en date de l’État islamique prêt à pousser dans toutes sortes d’embarcations autant de « migrants » que possible pour envahir, d’abord l’Italie, puis la France, puis l’Europe. Le sinistre drapeau noir flotte déjà sur de nombreux ports libyens, et rien ne sera plus facile que d’en faire partir tous ceux qui, consentants ou non,  seront obligés de monter à bord.»   
 
Ici, février nous a montré, cette année, le pic de son iceberg enveloppé de températures oscillant entre le polaire et le sibérien. Pour ne pas dire, le stratosphérien.   
 
 On se souviendra que les capitaines d'au moins deux de ces négriers du chaos  ont poussé l'horreur jusqu'à abandonner leurs passagers en vue de la côte italienne.
 
  Alors qu'à l'aune du splendide isolement, nous avons, nous,  au Nord du 49è parallèle,  que le froid, la neige, la glace, le vent et la poudrerie à offrir en guise de recueillement et de refoulement à tous ces damnés de la terre. 

 Histoire pour adeptes de théories du complot,  cet auteur (que je n'ai pas encore lu) a rapaillé en 1973 tous les liens prémonitoires de la pire crise humanitaire à avoir lieu sur cette planète en ce siècle tumultueux. 

« Et si Raspail, avec Le Camp des Saints  ,  n'était ni un prophète  ni un  romancier visionnaire, mais simplement un implacable historien de notre futur.  »  Wikipedia 

 Pendant ce temps, « Nous tous à Reuters pleurons la mort prématurée (34 ans) de notre collègue tant appréciée, Maria.», désormais, perdue dans ses immenses steppes neigeuses et enneigées, cette Maria, la Russe, contemple, elle aussi,  l'éternité du  bel hiver qui nous rapproche dans nos différences ... mais pas si différentes que ça après tout. La beauté des  paysages de nos beaux hivers en fait foi, ici et là. 

Source: Le Devoir, 23 février 2015   


À lire aussi:

 

Latifa

 
Quand elle entre dans la classe, ils se lèvent. Ils savent qu’elle a perdu son fils, ils savent comment, ils savent par qui il a été tué.

Dominique Jamet
Boulevard Voltaire
 
 Le collège est situé en « zone sensible ». Sur une trentaine d’élèves, une trentaine, noirs ou maghrébins, garçons et filles encore mêlés, quand même, sont musulmans.
Quand elle entre dans la classe, ils se lèvent. Ils savent qu’elle a perdu son fils, ils savent comment, ils savent par qui il a été tué.
Elle n’attirerait pas particulièrement l’attention dans les rues de cette ville de banlieue, elle ne détonne pas dans cet établissement scolaire où les enseignants n’ont pas la même couleur de peau que leurs élèves.
Elle est habillée comme le sont leurs mères. Un foulard épouse les contours de son visage rond, elle leur sourit d’un bon sourire. Elle pourrait être leur mère. Elle est leur mère.
Elle leur demande : « Est-ce que vous vous sentez français ? » « Non, madame ». Elle dit : « Si, vous êtes français. »
Elle demande : « Comment avez-vous réagi à la mort des journalistes deCharlie ? » Ils disent : « Ah, madame, ils l’avaient bien cherché, ils avaient caricaturé le Prophète ». Elle dit, très doucement : « On n’a pas le droit de tuer des gens parce qu’ils ont fait des dessins. C’était leur travail. C’étaient des êtres humains. »
Ils disent : « Nous sommes les oubliés de la République. On est enfermés comme des rats. Et les rats, quand ils sont enfermés, deviennent enragés. On ne peut pas s’en sortir. » Elle dit : « Vous n’êtes pas les oubliés de la République. Vous avez la chance de fréquenter les écoles de la République. Vous voulez vous en sortir ? Travaillez, vous réussirez. Saisissez votre chance. Elle est entre vos mains. »
Elle dit : « Je suis française. Je suis d’origine marocaine. Je suis de religion musulmane. Mais je suis d’abord française. »
Ce jour-là, comme presque tous les jours depuis trois ans qu’elle fait le tour des écoles, des lycées et des collèges de France, elle a eu en face d’elle des enfants et des adolescents attentifs, mais d’abord méfiants, fermés, sceptiques. Elle les quitte souriants, détendus, réconciliés avec eux-mêmes, avec leur vie, avec leur sort. «  Elle nous a remis sur le droit chemin », murmure l’un d’eux. Il s’était inquiété tout à l’heure de savoir si ça ne lui ferait pas du tort de s’appeler, de son vrai nom, Coulibaly.
Avant qu’elle parte, ils lui ont ménagé une bonne surprise. Spontanément, ils entonnent une maladroite et touchante « Marseillaise ».
Elle s’appelle Latifa Ibn Ziaten. Son fils Imad était soldat dans l’armée française, et fier de l’être. Il est tombé, le 11 mars 2012, sous les balles de Mohammed Merah.


 


Des résistants: les journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo?


@Photo Tout le monde en parle
Zined El Rhazoui
 Depuis le début du XXIè siècle, le terme de résistance est utilisé de manière plus large pour désigner tout mouvement politique qui s'oppose à un phénomène précis. On parle ainsi de mouvements de résistance à la mondialisation, au libéralisme, etc.
C'est par l'entrevue avec Zined El Rhazoui, journaliste au  Charlie Hebdo et invitée d'honneur à l'émission Tout le Monde en parle, hier soir,  que j'ai ouvert les yeux sur un phénomène très particulier qui nous concerne tous. Et compris le véritable engagement des journalistes et dessinateurs de ce petit média qui ont été brutalement abattus dans un attentat insensé.  

C'est dans cet angle-là qu'il faut voir leur engagement exprimé sous forme d'humour parfois féroce, irrévérencieux et souvent frisant la vulgarité. À chacun sa façon d'exprimer le non dit-populaire.  
Malgré leur peine et faisant preuve de civilité, les survivants du carnage du 7 janvier dernier ont pardonné à ceux qui ont perpétré cet acte de haine et de violence. (Un geste qui en dit long sur leurs valeurs, c'est le moins qu'on puisse dire.)  
Toutefois,  Zined El Rhazoui de s'expliquer le cas des frères Kouachi :   «Pour nous (ceux qui restent), c'est deux cons. Et nous,  on sait que les frères Kouachi ne sont que l'instrument d'une idéologie. Et,  c'est cette idéologie que nous combattons. Tandis qu'eux, pour nous ce sont deux petits exécutants d'une besogne honteuse. Et qui restera une besogne honteuse dans l'histoire.»
Puis, suite aux propos tenus par Philippe Couillard et rapportés abondamment dans  nos médias, la semaine dernière:  «l'intégrisme doit être considéré comme un choix personnel et peut être toléré tant qu'il ne s'attaque pas aux droits de la personne.», Zined a mis en garde contre la confusion entre intégrisme et piété.  
«Comment peut-on isoler le phénomène terroriste de la matrice* idéologique qui le nourrit? a-t-elle demandé. Si je ne m'abuse, il me semble que M. Couillard confond peut-être la piété avec l'intégrisme. Alors que l'intégrisme, lui, c'est vraiment l'idéologie qui produit le terrorisme. »
À ce moment-là,  j'ai eu un petit sursaut quand la journaliste a utilisé le mot matrice* qui incidemment nourrirait le phénomène terroriste.  Est-ce à dire qu'elle aurait  confirmé sans aucune gêne ni crainte de passer pour conspirationniste, devant plus d'un million d'auditeurs,  dont 99% d'entre eux n'ont peut-être  rien saisi de la réelle signification de cette révélation?  Alors pourquoi avoir curieusement fait sauter l'expression dans le reportage du Nouvelliste de Trois-Rivières publié le 29 janvier dernier?  ICI
 ***
La Matrice 
Matrix (en France) ou La Matrice (au Québec et au Nouveau-Brunswick)  (The Matrix) est un film australo-américain de science-fiction, un « cyberfilm», réalisé par Larry et Andy Wachowski, et sorti en 1999.  Synopsis:  Thomas A. Anderson, un jeune informaticien connu dans le monde du hacking sous le pseudonyme de Néo, est contacté via son ordinateur par ce qu’il pense être un groupe de hackers.  Ils lui font découvrir que le monde dans lequel il vit n’est qu’un monde virtuel dans lequel les êtres humains sont gardés sous contrôle.  Extrait: Wikipedia    

Mais si en 2015 ce monde qu'on nous a d'abord présenté sous forme virtuelle (fallait bien commencer quelque part, non?), ne se révélait-il pas aujourd'hui plus réel qu'on ne l'aurait  cru?  

Néanmoins,  le temps serait-il venu pour nous d'assumer  ce monde dans lequel, nous, les êtres humains en chair et en os,  sommes gardés sous contrôle peu nous importe par qui puisqu'on y trouve bien-être, consommation, confort, etc,  donc sommes parfaitement heureux qu'il en soit ainsi?   

Sauf qu'à cela le prix à payer pour tous ces bienfaits fournis généreusement par la Matrice (mondialisation, etc) nous échappe encore pour le moment. Mais, hélas,  pas pour les journalistes et les dessinateurs de Charlie Hebdo, les vrais Charlie,  qui par leurs petits dessins (dont on  n'a pas toujours compris le sens ), eux, y ont payé le prix de leur vie.  

Pour cela, je pense qu'ils doivent être considérés non pas seulement comme des héros,  mais aussi  des résistants.   Et plus encore, en laissant à leurs survivants ce lourd héritage.

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