Ramsès II : la suite et la fin





Ramsès II n'est plus. Son descendant, Sethi le Deuxième, épouse sa favorite Taousert.   Derrière la candeur de la jeune femme, celle-ci sait qu'elle est promise à  un glorieux destin. 

Ce  roman historique digne de notre intérêt pour cette fresque haletante  fut celle de la seconde femme à régner sur l'Égypte.

Dans ce dernier volet, étonnamment, on y découvre un aspect inattendu que j'ai osé dévoiler en quelques bribes de frissons, car du coup  m'ayant rappelé L'Origine du monde, de Gustave Courbet,  en mots tout aussi  magiques   que  ceux de la peinture,  comme rarement il est possible de s'y référer.

M.W.

***

Quelques bribes extraits de frissons d'un autre âge

 
Elle était lasse de ce monde d'hommes.
Elle y était seule.

***

Le regard glissa sur la peu mouillée, de l'épaule à la cambrure des reins, pendant que Neferma essorait le chiffon savonneux avec lequel elle venait de se frotter les cuisses. Les muscles sous l'épiderme basané ressemblaient à des poissons sous l'eau. Petite-fille de Nubienne. la nouvelle dame de cour de Taousert avait dilué les pigments originels à la couleur du bronze pâle, piqué de pourpre à la pointe des seins. Saisit-elle le regard qui la détaillait? Elle y répondit en tout cas par un coup d'œil signifiant qu'elle en était consciente.  Une jolie fille nue qui se sait regardée se sait inévitablement admirée, sinon désirée. Désirée? Une femme peut-elle donc être désirée par une autre?

***

Taousert posa fugitivement la main sur l'épaule de Neferma, geste infinitésimal, un papillon de nuit qui effleure un humain dans sa course vagabonde, puis s'en va vers la nuit.  La jeune fille garda les yeux baissés. L'ombre fugace d'un sourire étira ses lèvres.
   - Quelle est ta chambre ? demanda Taousert d'un ton désinvolte.
   -  La cinquième porte  après la tienne, maîtresse.
   Cette nuit-là ...
Taousert se rendit à la cinquième porte.  Quand elle s'approcha du lit, la moustiquaire fut soulevée de l'intérieur.  Taousert mit un genou sur le lit et considéra Neferma, appuyée sur un coude et le même sourire fantôme su le visage.
   -Allonge-toi, dit-elle.
  Taousert se défit de sa robe de nuit, la posa sur une chaise et entra dans la tente vaporeuse de sa dame de cour.
   Elle demeura ainsi un moment, immobile, sur le dos, effrayée par sa détresse.
   Puis Neferma posa sa main sur son épaule. Le feu prit. Il consuma d'abord les appréhensions que le contact d'un corps étranger  suscite, la peur de se révéler à soi-même, les dernières pailles de la pudeur.   Attisé par les mains, il chauffa les êtres intérieurs. Il les porta à l'incandescence et les fit coïncider exactement avec le moindre détail des corps, le dessin des oreilles, le creux des aisselles, le relief du sexe et surtout la bouche. Il chassa les voix et les lèvres ne purent plus s'exprimer  que par les baisers. La faim poussa les deux corps à s'entredévorer.
   Le brasier gagna en violence et fit sauter les derniers liens qui tenaient les kas prisonniers. Un cri et bientôt un autre témoignèrent de la délivrance.
   Les deux femmes demeurèrent enlacées, incapable encore de se détacher.
   Le hululement  de chouette sembla célébrer ces noces; Taousert et Neferma étouffèrent un rire.

Gérald Messadié, Ramsès II, L'immortel
III. Taousert, Celle qui s'empara du ciel, p. 260-262

  

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