(5) Inferno: Pour la laïcité, en avant toute!




Dans la mythologie, expliqua Langdon, 
un héros qui nie la réalité est la manifestation 
ultime de l'orgueil. Il n'existe de pire 
orgueilleux que celui qui se croit immunisé 
contre tous les dangers. Pour Dante, d'ailleurs, 
c'est l'un des plus graves péchés. 


***


Et pourtant dans les rues de Montréal 

Je visite le site Vigile.net pratiquement tous les jours.  Et ce soir, je suis tombée sur un texte de Mathieu Bock-Côté,  À la manifestation … écrit à chaud après la manifestation d'hier.  


Photo: Le Devoir
Contrairement à l'auteur, moi, j'aime les manifestations.  Voir des milliers de personnes dans une foule nombreuse et immense qui se déplace avec la lenteur du moment présent, la largeur et la longueur d'un long fleuve qui déboule comme La Moldau à travers les rues de la ville, et fait résonner le bruit des pas sous les ponts et les viaducs  me donne des frissons. Et des larmes aussi. Ça me rappelle aussi la magnifique chanson d'Édith Piaf, La Foule.  

« Et pourtant, dans les rues de Montréal, cet après-midi, je devine que chacun avait ses raisons. Les miennes ne sont pas exactement celles des Janette. Je n’ai pas leur aversion pour la « religion » et je ne réduirais certainement pas l’histoire du catholicisme à celui de l’asservissement des femmes par les hommes. Pour moi, il s’agit d’abord de sortir du multiculturalisme d’État et de réaffirmer la portée fondatrice de la culture nationale. D’autres marchaient probablement pour le français ou l’indépendance. Et bien évidemment, tous marchaient d’une manière ou d’une autre pour la laïcité. Mais la démocratie ne consiste pas à communier dans une idée fixe : il s’agit de réconcilier des préoccupations diverses autour d’une même proposition politique porteuse. C’est la nature même du travail politique dans ce qu’il a de plus noble.»


Si j'ai choisi expressément cet extrait, c'est que j'y ai trouvé mot à mot (voir en gras)  ce que je pense de la tournure des événements qui occupent intensément nos esprits, ces temps-ci.

Sauf qu'à peu de chose près, toutefois, car bien sûr l'homme jeune en Mathieu Bock-Côté ne peut pas tout savoir.  Par exemple, ce qu'ont vécu dans leur corps comme dans leur âme,  les femmes de la génération de Janette, et les tourments que l’Église  leur a fait subir (par asservissement et domination par maris interposés ...) tout au cours de leur vie au nom de la religion d'État, semble peut-être un bout qui lui a échappé.  

Malgré cette lacune dans son parcours sur le passé tragique des femmes du Québec, Mathieu Bock-Côté a le mérite de tourner l'histoire résolument vers l’avenir et de nous y entraîner avec lui.  Politique, oblige.  Et avec raison.

Mais pour cela, certes, il lui faut reconnaître qu'en plus d’avoir demandé autrefois aux femmes de conserver les traditions nationales, aujourd'hui on leur demande de conserver les acquis de la Révolution tranquille et principalement, le principe de la laïcité.

Reconnaître également que comme toujours, on a tendance à leur demander de porter la nation, et cela dans tous les sens du terme. Alors on ne peut s’empêcher de dire avec lui, que d’une saison à l’autre, (à cause d’elles), nous réapprenons à voir notre pays à travers un autre prisme que celui du désespoir. 

Encore une fois, hier, les  femmes du Québec étaient au rendez-vous avec le peuple qu’elles ont mis au monde.  Mais cette fois-ci, c'était pour lui cuisiner l’espoir.   

Merci à vous, Mathieu Bock-Côté, d’avoir été là avec des milliers d’hommes comme vous.  Et à la prochaine manifestation, celle qui sera grandiose, comme vous dites.

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