Dans la mythologie, expliqua Langdon,
un héros qui nie la réalité est la manifestation
ultime de l'orgueil. Il n'existe de pire
orgueilleux que celui qui se croit immunisé
contre tous les dangers. Pour Dante, d'ailleurs,
c'est l'un des plus graves péchés.
Et pourtant dans les rues de Montréal
Je visite le site Vigile.net pratiquement tous les jours. Et ce soir, je suis tombée sur un texte de Mathieu Bock-Côté, À la manifestation … écrit à chaud après la manifestation d'hier.
Photo: Le Devoir |
« Et pourtant, dans les rues de Montréal, cet après-midi, je devine que chacun avait ses raisons. Les miennes ne sont pas exactement celles des Janette. Je n’ai pas leur aversion pour la « religion » et je ne réduirais certainement pas l’histoire du catholicisme à celui de l’asservissement des femmes par les hommes. Pour moi, il s’agit d’abord de sortir du multiculturalisme d’État et de réaffirmer la portée fondatrice de la culture nationale. D’autres marchaient probablement pour le français ou l’indépendance. Et bien évidemment, tous marchaient d’une manière ou d’une autre pour la laïcité. Mais la démocratie ne consiste pas à communier dans une idée fixe : il s’agit de réconcilier des préoccupations diverses autour d’une même proposition politique porteuse. C’est la nature même du travail politique dans ce qu’il a de plus noble.»
Si j'ai choisi expressément cet extrait, c'est que j'y
ai trouvé mot à mot (voir en gras) ce que je pense de la tournure des
événements qui occupent intensément nos esprits, ces temps-ci.
Sauf qu'à peu de chose près, toutefois, car bien sûr
l'homme jeune en Mathieu Bock-Côté ne peut pas tout savoir. Par exemple, ce qu'ont vécu dans leur corps comme dans leur âme, les femmes de la génération de Janette, et
les tourments que l’Église leur a fait
subir (par asservissement et domination par maris interposés
...) tout au cours de leur vie au nom
de la religion d'État, semble peut-être un bout qui lui a échappé.
Malgré cette lacune dans son parcours sur le passé tragique des
femmes du Québec, Mathieu Bock-Côté a le mérite de tourner l'histoire résolument vers
l’avenir et de nous y entraîner avec lui.
Politique, oblige. Et avec
raison.
Mais pour cela, certes, il lui faut reconnaître qu'en plus d’avoir demandé autrefois aux femmes de conserver les traditions
nationales, aujourd'hui on leur demande de conserver les acquis de la
Révolution tranquille et principalement, le principe de la laïcité.
Reconnaître également que comme toujours, on a tendance à
leur demander de porter la nation, et cela dans tous les sens du terme. Alors on ne peut s’empêcher de dire avec lui, que d’une
saison à l’autre, (à cause d’elles), nous réapprenons à voir notre pays à
travers un autre prisme que celui du désespoir.
Encore une fois, hier, les femmes du Québec étaient au rendez-vous avec le peuple qu’elles ont mis au monde. Mais cette fois-ci, c'était pour lui cuisiner l’espoir.
Encore une fois, hier, les femmes du Québec étaient au rendez-vous avec le peuple qu’elles ont mis au monde. Mais cette fois-ci, c'était pour lui cuisiner l’espoir.
Merci à vous, Mathieu Bock-Côté, d’avoir été là avec des
milliers d’hommes comme vous. Et à la prochaine manifestation, celle qui sera grandiose, comme vous dites.
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