L'horoscope de Rob Brezsny
« Chaque matin de cette semaine, fredonne au saut du lit la chanson qui te grise d’un espoir fougueux. Apparu dans les années 1950 en réaction aux conventions du jazz, le free jazz prône des rythmes plus fluides, des harmonies nouvelles, voire atonales, une composition moins structurée, imprévisible et expérimentale. Sa clé de voûte est l’improvisation collective sur des riffs repris par tous les musiciens du groupe. Dans les jours à venir, Taureau, ta vie prendra des airs de free jazz. Pour t’y préparer, repais-toi des morceaux de ses grands représentants (Ornette Coleman, Charles Mingus, Sun Ra). Et surtout, résiste à la scapabobididdilywiddilydoobapaphobie – la phobie du free jazz. »
Horoscope du du 8 au 14 mai 2014.
Dans les jours à venir ma vie prendra des airs de free jazz?
Pas si sûr, mon cher Rob. Quand j'ai chevauché cette semaine ton petit baratin à 100 milles à l'heure, debout sur mes grands chevaux, j'ai aussitôt fermé la page ... avant la fin du texte. Puis, après coup, je me suis arrêtée d'un coup sec. Alors je suis revenue sur mes talons à bride abattue. Mais à l'envers.
Cela dit, elle est loin pour moi, l'époque, où je passais des heures à écouter Miles Davis, Oscar Peterson, Duke Ellington et combien d'autres, dans le salon chez mes parents. J'avais oublié le nom d'Ornette Coleman, mais je suis convaincue l'avoir écouté aussi. Moins envoûtant que les autres, moins swingant aussi, mais tu as raison, il fut l'un de ceux qui ont libéré la musique de jazz de sa structure habituelle, trop conventionnelle. Pour le meilleur et pour le pire.
Or bien que j'aie depuis longtemps perdu la passion que j'avais pour cette musique, j'ai tout de même suivi docilement ton conseil. J'ai donc arrêté mon cirque virtuel pour replonger dans le Buddha Blues du grand Coleman et de son quatuor, pièce musicale qui tient toujours la route même en ce début de siècle.
Aucun doute, qu'avec un certain effort je m'y habituerais de nouveau, mais même en y laissant à la porte mes chaussures vieillissantes, puis y mettant un peu de persévérance, je ne crois pas être en mesure de résister bien longtemps à la phobie du jazz free. Dans ma vie d'aujourd'hui, comprends-tu qu'avec le temps je suis devenue allergique au lactose? Eh bien, tout ce qui est dodécaphonique me rend dingue, c'est bien simple.
 |
| @ Anonyme Ornette Coleman |
Or bien que j'aie depuis longtemps perdu la passion que j'avais pour cette musique, j'ai tout de même suivi docilement ton conseil. J'ai donc arrêté mon cirque virtuel pour replonger dans le Buddha Blues du grand Coleman et de son quatuor, pièce musicale qui tient toujours la route même en ce début de siècle.
Aucun doute, qu'avec un certain effort je m'y habituerais de nouveau, mais même en y laissant à la porte mes chaussures vieillissantes, puis y mettant un peu de persévérance, je ne crois pas être en mesure de résister bien longtemps à la phobie du jazz free. Dans ma vie d'aujourd'hui, comprends-tu qu'avec le temps je suis devenue allergique au lactose? Eh bien, tout ce qui est dodécaphonique me rend dingue, c'est bien simple.
Cependant plus j'y pense, mon cher Brezsny, plus je trouve que tu as bien fait de faire tomber la musique dans la sourde oreille de mes journées. Car depuis plusieurs années je l'avais laissée se morfondre et se fondre toute confondue dans le glauque de ma concentration.
Mais figure-toi que depuis quelque temps des miettes, des nanoparticules, bref des poussières de musique se sont remises à remonter à la surface de ma mémoire. Si, si le goût d'écouter de la musique me revient! Timidement, mais quand même puisque pour l'instant, il s'agit que de musique classique: du baroque, de la musique de chambre et, forcément de la musique de salon sur Galaxie, (vu que mon téléviseur est dans le salon et ...)
Mais figure-toi que depuis quelque temps des miettes, des nanoparticules, bref des poussières de musique se sont remises à remonter à la surface de ma mémoire. Si, si le goût d'écouter de la musique me revient! Timidement, mais quand même puisque pour l'instant, il s'agit que de musique classique: du baroque, de la musique de chambre et, forcément de la musique de salon sur Galaxie, (vu que mon téléviseur est dans le salon et ...)
 |
| Qu'en penses-tu? |
Or si ma vie ne prend pas des airs de free jazz comme tu me le souhaitais, eh bien, elle prendra probablement un autre chemin. Celui de quelques-uns de mes 33 tours que j'avais conservés bien au sec dans une armoire suite à mes nombreux déplacements afin de les resortir au moment opportun.
Incidemment, ayant perdu aussi mon vieux système audio dans un cambriolage, je crois enfin avoir découvert un appareil qui me permettra de fredonner comme autrefois au saut du lit, certains matins. C'était du free for all sorti tout droit d'une Variation de Bach jouée de magistrale façon par Glen Gould, au piano. Des choses comme celle-là aussi peuvent, mon ami, griser d'un espoir fougueux ... !
Merci de penser à moi dans tes horoscopes.
Bien à toi,
May
***
Pour les initié(es) l’Américain Rob Brezsny (57 ans) est l’un des astrologues les plus atypiques et les plus lus au monde. Sa chronique hebdomadaire “Free Will Astrology” est publiée dans plus d’une centaine de titres de la presse mondiale, de Singapour à Hong Kong en passant par Sydney, Toronto et (BDF, P.Q.). Autant appréciée par les professeurs d’université que par les ménagères de moins de 50 ans (et + de 70), elle fourmille de références littéraires et cinématographiques et se distingue par son ton poétique. Courrier international est le premier titre de presse francophone à en proposer la traduction.
Pour les initié(es) l’Américain Rob Brezsny (57 ans) est l’un des astrologues les plus atypiques et les plus lus au monde. Sa chronique hebdomadaire “Free Will Astrology” est publiée dans plus d’une centaine de titres de la presse mondiale, de Singapour à Hong Kong en passant par Sydney, Toronto et (BDF, P.Q.). Autant appréciée par les professeurs d’université que par les ménagères de moins de 50 ans (et + de 70), elle fourmille de références littéraires et cinématographiques et se distingue par son ton poétique. Courrier international est le premier titre de presse francophone à en proposer la traduction.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire