Pas surprenant, la Kalachnikov, c'est l'arme parfaite.
À Trois-Rivières, ce dernier week-end, je visitais une amie qu'une amie partage avec moi. Gentillesse oblige. Au souper, nous avons fait des blagues sur tout et surtout sur rien. Comment le mot « Kalachnikov», s'est-il retrouvé dans notre conversation et bien sûr, a fait rire si longtemps notre bouillonnante hôtesse? Toujours est-il que cette dernière a tellement ri qu'elle n'en finissait plus de nous servir ce mot à toutes les sauces ...
Réponse: Attentat aux Champs-Élysées, le djihadiste était armé d’une Kalachnikov. Cela se passait le 19/06/2017. Donc, le jour même d'aujourd'hui. En tout cas, à l'heure de Paris. Eh bien, cette heure-là nous rappelle le grand dessein de notre existence. Et je me demande si ce que je suis en train de faire à ce moment précis participe à ce grand dessein. C'est mon pourvoyeur d'horoscope qui m'y a fait penser.
On peut bien rire et s'en amuser, mais à l'autre bout de soi-même, il y a un océan qui nous sépare de la peur, de la tragédie, de l'impuissance, de l'insouciance, de la folie de vivre en oubliant le revers de cette folie. La menace, pourtant bien réelle, a déjà fait connaître son sinistre message.
À huit pays dont le nôtre, l'assassin, le meurtrier, le terroriste, le djihadiste, peu importe, a bel et bien promis l'attentat au camion se ruant à pleine vitesse dans la foule, à la Kalachnikov (tiens, tiens!), à la bombe, à l'incendie criminel et puis au couteau avec lequel il égorgera et décapitera sans pitié.
Qui donc a besoin d'autant de sang pour se construire un monde à son image (compendre ici l'avènement du nouvel ordre mondial), selon ses rêves depuis toujours? Qui donc, à part un Être maléfique, inhumain et assoiffé de sang? Evidemment, jamais repu depuis des siècles.
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Une oeuvre d'art, un bijou. Et pourquoi pas un poème?
« Elle était magnifique dans ses lignes et ses proportions parce qu’elle était en tout point conforme à ce qu’il avait imaginé, à ses croquis et à ses travaux préparatoires ». Le personnage de Kalachnikov compose des poèmes et même s’il s’agit de poèmes stupides, « célébrant la splendeur des tourelles et la perfection géométrique des obus », ceux-ci demeurent l’indice d’une volonté créatrice qui résiste à la mort et mobilise des affects vivants.
L’AK-47 est l’œuvre maîtresse de Kalachnikov, l’œuvre de toute sa vie et Oliver Rohe s’amuse à la présenter comme une espèce d’œuvre pop connaissant un destin comparable à celui des tableaux de Warhol : le drapeau « jaune vif » du parti de Dieu libanais « exhibe en son centre une Kalachnikov couleur vert bouteille ». L’AK-47 est au fond caractérisée par cette ambivalence, à la fois expression de la mort et de la vie qui la défie. Extrait Médiapart, Portrait de l'artiste.
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